Chapitre 3: L'ouverture internationale
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Introduction I - Les échanges internationaux A/ L’évolution des échanges depuis la fin de la 2°GM 1-La balance des paiements 2-Les échanges de marchandises, de services et de capitaux 3- La mondialisation 1-Les théories de l’échange international 2-La division internationale du travail 3-Les enjeux de la compétitivité II - La réglementation des échanges 1-Le cadre du libre-échange 2-Les avantages du libre-échange 3-Le recours au protectionnisme 1-Historique du SMI 2-Les problèmes monétaires internationaux 3-La globalisation financière 1-La construction européenne 2Le passage à l’Euro3- La politique européenne Conclusion |
Introduction
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+ Après avoir étudié les échanges de marchandises, de services et de capitaux dans la 2° moitié du XX° siècle, nous verrons quelle analyse en font les différentes écoles d’économistes. Puis nous chercherons à savoir à quelles barrières se heurte aujourd’hui leur réglementation (GATT, OMC, SMI) et quels sont les enjeux de l’intégration européenne .
I- les échanges internationaux A/ L’évolution des échanges depuis la fin de la 2°GM 1- La Balance des paiements + Rappel : C’est la Balance des paiements qui retrace les mouvements économiques et monétaires. Elle comprend 3 balances principales :
Ces 2 balances sont regroupées dans la balance des transactions courantes ou balance des paiements courants
Le solde de ces 3 balances donne le solde de la balance des paiements de base qui est équilibré par les mouvements monétaires (transparent). On comprend d’après ce document l’importance des échanges pour un pays car le solde de la BPB fait varier sa position monétaire : à la baisse si ce solde est déficitaire à la hausse dans le cas contraire. En effet dans le 2° cas la monnaie de ce pays est très demandée pour régler les achats, ce qui la valorise et inversement dans le 1° cas. 2- Les échanges de biens, services et capitaux + Depuis 1950 les échanges commerciaux mondiaux ont fortement augmenté et cela plus rapidement que la production mondiale (x18 et x6,5 respectivement en 46 ans). On peut dire que le commerce international tire la croissance mondiale et cela malgré la crise actuelle car son rythme de croissance est 3 fois plus rapide.Certains pays sont plus ouverts que d’autres (importance des X dans leur PIB) : les pays européens qui ne disposent pas d’un fort marché intérieur sont 2 à 3 fois plus ouverts que les EU et le Japon . Depuis 1960 l’ouverture des pays européens s’est fortement accrue (x1,7 environ pour la France et x1,8 pour l’Allemagne en 30 ans) grâce à la création du marché commun (Traité de Rome 1957). Les Etats Unis ont aussi accru leur ouverture vers l’extérieur (x2 entre 1960 et 1990), grâce au décollage des accords du GATT (DILLON Round 1962), tandis que le Japon reste un pays relativement fermé aujourd’hui : malgré une certaine ouverture dans les années 80 (x1,4 de 1960 à 1980), le pays s’est refermé depuis (x0,7 de 1980 à 1990, soit le même degré d'ouverture en 1990 qu'en 1960). Les principaux pays dans le commerce mondial sont les PDEM et parmi eux l’Union européenne représente la moitié des échanges mondiaux, même si sa part s’est réduite (de 52% à 44% soit –8 points entre 1963 et 1995). La part des EU s’est également réduite (de 17% à 12% soit –5 points), tandis que celle des pays asiatiques progresse fortement (de 6% à 12% pour le Japon, et de 2% à 18% pour les autres pays asiatiques, soient respectivement x2 et x9). Le reste du monde voit sa part diminuer presque de moitié depuis 1963. Les pays émergents de la zone pacifique (HK, Chine, Corée, Singapour, Taiwan) progressent rapidement tant dans les exportations que dans les importations mondiales (des 7° au 15° places en 1996). Ce sont surtout des produits manufacturés qui sont échangés et leur part progresse le plus (x25 entre 1950 et 1995), tandis que les échanges de produits agricoles et minéraux progressent moins et ont même tendance à stagner depuis la crise (respectivement x5 et x7 seulement en 40 ans). + Au niveau des services, ce sont encore les PDEM qui sont les principaux exportateurs et importateurs : EU, F, All, Ru, Italie, mais les NPI arrivent aussi à se placer dans les X tels Singapour et HK , et ce sont aussi des pays qui importent.Les exportations de services progressent plus rapidement que celles de marchandises (x3 environ en 10 ans, de 1986 à 1996), ils sont devenus des enjeux importants dans les échanges car ils permettent de compenser le déficit commercial de certains pays tels la F et les EU qui souffrent le plus de la désindustrialisation. L'accroissement des services s'explique par l'accroissement des échanges humains (voyages, tourisme) et commerciaux (fret, transport). Mais c'est l'ouverture des frontières aux services financiers dans les années 80 qui les a fait progresser (placements dans les banques étrangères plus rémunératrices, capitaux flottants, assurances internationales). Leur poids a fortement augmenté depuis 1980 (de 17 à 21% des échanges courants) alors que celui des échanges de marchandises s'est réduit (de 83 à 79%). Ces derniers restent néanmoins prépondérants (4 fois plus que les services). + Les flux de capitaux ont fortement progressé depuis la crise (22 milliards de $ en 1973 à 335 en 1995 soit x15 en 22 ans ). Ce sont surtout des capitaux provenant de l’Europe de l’Ouest (120M//$ en 1995), des EU (110M//$ en 1995), d’Asie et du Japon (70M//$ en 1995). On remarque la forte progression des flux de capitaux en provenance du Japon de 1984 à 1990 (x10) et leur régression aussi rapide depuis (/5 de 1990 à 1995). Les flux de capitaux provenant des E. U. et d’Europe de l’Ouest progressent fortement depuis 1982 (x12 et x4 en 13 ans). Ces flux se font surtout à destination de l’Union Européenne (584,7M//$ entre 1985 et 1995) et des EU (477,5M//$), et à l’intérieur de l’UE, ce sont le RU et la France qui reçoivent le plus de flux de capitaux (199,6M//$ et 138M//$), tandis que parmi les pays émergents il s’agit de la Chine (130,2M//$). Les IDE sont les investissements des FMN pour créer ou acheter tout ou partie d'entreprises étrangères (souvent des délocalisations), financer leurs filiales ou réinvestir dans le pays d'accueil. On remarque que les IDE se dirigent prioritairement vers les plus vastes marchés (EU, UE) et de façon générale vers les pays les plus prometteurs (Chine).3- La mondialisation + On peut relier la progression des IDE à celle du commerce mondial, et l’on constate que depuis la crise il y a partition du monde en 3 zones :
La Triade représente les pays dominants de chaque zone : EU, UE, Japon. Selon A. BRENDER, aujourd’hui la concurrence ne se fait plus entre firmes mais plutôt entre nations. Pour lui, l’internationalisation met en évidence « un choc de nations » concurrentes, c'est pourquoi on assiste à une régionalisation du monde, qui est une concentration à l'échelle des nations. + Mais à côté de l’ouverture croissante des échanges internationaux, on constate qu’un commerce intra-firme prend le relais du commerce international. En effet, les FMN ne délocalisent que certaines fractions de leur production :
De cette manière les FMN sont conduites à se fournir à elles-mêmes les produits dont elles ont besoin. C.A. MICHALET parle alors d’un «village planétaire », une «économie-monde » où les échanges sont internalisés. En effet, il s’agit d’un commerce fermé entre les différents segments de la production des mêmes firmes (cf. film vidéo « travail sans frontières »). Ce commerce captif représente aujourd’hui le 1/3 du commerce mondial. On observe désormais une spécialisation des échanges dont les avantages ont été montrés par les économistes dès le XVIII° siècle. 1- Les théories de l’échange international + Pour les économistes libéraux chaque pays a avantage à se spécialiser
Le courant libéral justifie donc le libre échange par la spécialisation. + Les autres écoles de pensée ne remettent pas en cause les avantages de la spécialisation mais l’expliquent différemment.
Pour tous ces auteurs la spécialisation est donc une bonne chose pour les pays qui échangent. 2- La division internationale du travail On peut dire que la spécialisation des pays a provoqué l’instauration d’une véritable division internationale du travail (DIT). Le CEPII (Centre d’étude des prévisions et informations internationales) définit la DIT comme une logique de complémentarité qui suit la spécialisation ricardienne. On distingue une DIT traditionnelle et une nouvelle DIT. + La DIT traditionnelle est issue de la RI : les pays qui s’industrialisent alors provoquent le décollage du commerce mondial en important les matières 1° dont ils ont besoin et en exportant les biens manufacturés qu'ils produisent. Ils forment alors un Centre où domine le RU. C’est une immense fabrique de produits manufacturés ayant une Périphérie qui lui fournit matières 1°et débouchés. Ce sont les colonies qui forment cette périphérie jusqu’à la 2°GM, puis ce sont les PVD, la décolonisation ne va pas changer cet ordre économique international.L’insertion dans la DIT traditionnelle est aujourd’hui le fait de 2 catégories de pays complémentaires :
+ Cependant les NPI échappent à la DIT traditionnelle et imposent une nouvelle DIT. Ils sont en effet excédentaires en produits industriels légers (ex : textile, électronique…) et obligent les PDEM à se spécialiser dans des productions de plus en plus sophistiquées comme les industries de haute technologie (ex : aviation, aérospatiale, armement…) car ils remontent les filières vers des productions industrielles de plus en plus lourdes (ex : automobile, sidérurgie, chantiers navals…).On peut donc dire que la nouvelle DIT oblige les PDEM à se spécialiser dans des productions exigeant des quantités croissantes de capital technique et humain qui sont désormais la clé de leur compétitivité, d'où l'importance de la qualification de la main d'oeuvre et de la recherche-développement. 3- Les enjeux de la compétitivité + L’insertion dans la DIT donne la mesure du degré de contrainte d’un pays : plus il est inséré dans la DIT et plus il est contraint c’est-à-dire dépendant de ses échanges extérieurs. Pour maîtriser ses échanges, un pays doit avoir de forts excédents dans quelques domaines et des déficits dans quelques autres pour profiter des faibles coûts des nations spécialisées.
+ La compétitivité est alors définie comme la capacité d’un pays à affronter la concurrence internationale. On distingue deux sortes de compétitivités :
Si la compétitivité-prix est aujourd’hui le fait des PED et des NPI, la compétitivité structurelle est plutôt réservée aux PDEM qui ont une main d'oeuvre très qualifiée et proposent des gammes étendues de produits ayant une technologie avancée (ex: TGV, navette spatiale, satellites). II- la réglementation des échanges Les échanges mondiaux sont aujourd’hui réglementés :
1- Le cadre du libre-échange + Le GATT a été créé en 1947 sous l’impulsion des USA. Il est d’inspiration libérale et constitue une réaction aux politiques protectionnistes d’avant-guerre (ex : entre 1928 et 1938 les droits de douane de certains produits s’élevaient à 50% de leur prix).C’est un organe chargé de réglementer les questions commerciales sous forme d’accords. Il repose sur quelques grands principes tels que :
+ Huit cycles de négociations (rounds) ont eu lieu depuis le 1° qui s ‘est tenu à Genève en 1947. Ils ont permis d’abaisser progressivement les droits de douane et d’instaurer le libre-échange dans les relations commerciales. Depuis le plus important, le Dillon round (1961/62) une réduction de plus de 60% a été enregistrée en ce qui concerne les droits de douanes qui s’établissent aujourd’hui à un niveau moyen de 4%.L’Uruguay round (1986/93) a été le plus long et le plus difficile car il s’est attaqué pour la 1° fois aux échanges de services. Il n’a pas permis de régler tous les problèmes dans ces échanges du fait d’un important contentieux entre les USA et l'UE au niveau agricole (pbs de l’aide aux exploitants agricoles : USA subventionne ses agriculteurs et la PAC impose des prix supérieurs à ceux du marché dans la CEE pour soutenir les revenus des agriculteurs), et entre les USA et la France qui ont la même spécialisation dans les services (pbs de la culture : films et séries TV soumis à quotas en France). Les accords de Marrakech en avril 1994 ont instauré l’OMC qui remplace désormais le GATT et devrait être plus équitable car les accords seront négociés de façon multilatérale et non bilatérale comme c’était le cas (le poids des USA leur permettait souvent d’obtenir des accords plus favorables ex : AMF ou "restrictions volontaires" imposées aux pays d'ASE pour leurs exportations de textile). De plus l'OMC cherche à être plus démocratique en associant la société civile aux négociations (milieux d'affaires, syndicats). 2- Les avantages du libre-échange + On peut dire que le Libre échange progresse aujourd’hui malgré la montée des zones d’échanges privilégiées (ex : l’UE, l’ALENA, l’APEC…).Le libre échange possède en effet des avantages à la fois au plan économique, social et politique :
+ Au contraire, le protectionnisme est source de repli sur soi et une menace pour la paix (ex : années 30 en Europe). Il entraîne aussi une sclérose de l’économie car l’absence de concurrence n’est pas stimulante pour l’innovation (ex : le protectionnisme de conservation sociale pratiqué par J. Méline à la fin du XIX° siècle en France a contribué à affaiblir l’agriculture française).3- Le recours au protectionnisme + On peut dire cependant que le Libre échange peut aussi être un danger dans certains cas : lorsque les niveaux de développement sont très différents entre pays ou encore lorsque certains pays traversent une période de crise, notamment des difficultés de balance des paiements.
+ Dans ces 2 cas le recours au protectionnisme est possible :
Dans les 2 cas cependant le recours au protectionnisme doit être limité ( à certaines industries) et provisoire (un certain temps). Il doit alors être abandonné quand le pays est assez fort pour affronter la concurrence des autres pays. + Le GATT avait déjà prévu de ne pas traier tous les pays de la même façon : ainsi les PVD n’étaient pas soumis à la clause de réciprocité des avantages. De même que lorsqu’un de leurs secteurs était menacé, certains pays avaient le droit d’invoquer la clause de sauvegarde. Enfin les tarifs préférentiels des Unions douanières étaient autorisés. Mais aujourd’hui on constate qu’un néo-protectionnisme gagne du terrain en pratiquant des restrictions non-tarifaires (ex : restrictions quantitatives, accords d'autolimitation, normes imposées, marchés publics réservés, accords de compensation). De telles pratiques mettent le Libre échange en danger car les pays s’exposent à des représailles (ex : USA contre la France et l'UE) qui peuvent entraîner la surenchère ou la perte de débouchés extérieurs.Un SMI est nécessaire pour que les pays puissent échanger et régler le montant de leurs échanges. En effet, il faut d’abord fixer un étalon pour mesurer la valeur des marchandises échangées (formation des taux de change), puis il faut trouver une monnaie qui soit acceptée en paiement par tous les pays (problème de la convertibilité). Enfin il faut que les banques centrales des pays la détiennent en quantités suffisantes pour faire face aux demandes des entreprises qui commercent (problème des liquidités internationales). Une devise doit donc avoir 3 qualités : être un étalon de mesure, être universellement acceptée et enfin être disponible. 1- Historique du SMI + Depuis le XIX° siècle, le monde a connu 3 sortes de SMI successifs :
+ Le système actuel des changes flottants a été établi à la suite des difficultés du SMI de BW. Ce dernier avait été imposé en 1944 par les USA pour consacrer leur suprématie sur le monde et en particulier sur la GB. Le plan WHITE représentant les USA s’ètait alors imposé face au plan KEYNES représentant la GB car les USA possédaient les 2/3 des réserves d’or mondiales. Le plan Keynes n’était pourtant pas sans intérêt : il proposait un SMI détaché de l’or avec création d’une super banque centrale et la création d’une nouvelle monnaie étalon : le Bancor. C’est le système qui sert de modèle au SME actuel (la BCE émet l’Euro). Mais le plan White a imposé un SMI dans lequel l’or était l’étalon en droit mais le dollar, seule monnaie convertible en or l'était en fait.+ Ce système a bien fonctionné jusqu’en 1958 car les USA avaient alors un excédent commercial qui leur permettait de récupérer leurs sorties de dollar (dollar gap). Mais le rattrapage économique des USA par l’Europe et le Japon au cours des 30 glorieuses a réduit cet excédent. Les réserves d’or US ont alors fondu car leurs sorties de dollar sont devenues très importantes (IDE, financement de la guerre de Corée et du Viêt nam). Alors qu’ils étaient les créanciers du monde jusqu’aux années 60, les USA sont devenus débiteurs à partir de cette date. En août 1971, le Pdt NIXON, conseillé par M. FRIEDMAN décréta l’inconvertibilité du dollar en or. L’effondrement du SMI de BW a été officialisé aux accords du Smithsonian Institute qui se sont tenus à Washington en décembre 1971 et le SMI actuel des changes flottants lui a succédé aux accords de Bruxelles en 1973.2- Les problèmes monétaires internationaux + L’actuel SMI est donc issu des théories monétaristes les plus libérales puisque la valeur des monnaies est uniquement fixée par le marché. Il cherchait à atteindre 3 objectifs : la vérité des taux de change, le réajustement automatique des BP et l’effacement des BC.On peut toutefois constater que ces objectifs n’ont pas été réalisés car :
+ Le SMI des changes flottants actuel est aussi un système asymétrique car le dollar y reste la monnaie étalon de fait car elle est la plus demandée pour les transactions. Les USA n’ont donc pas la même contrainte que les autres PDEM et font varier le cours du dollar en fonction de leurs intérêts (dollar yoyo) :
Les PDEM sont donc réduits à suivre la politique monétaire américaine (ex : taux d’intérêt élevés) ou à se concerter pour l’obliger à en changer (ex : les accords du Louvre en 1987 pour faire baisser le cours du dollar). Les pays européens ont trouvé une autre solution : construire un SME stable avec des changes fixes qui puisse représenter une alternative au SMI actuel et au dollar. 3- La globalisation financière + Elle s’est effectué dans les années 80 avec la règle des 3 D :
+La globalisation financière est une vague de libéralisation qui a facilité le financement des entreprises qui peuvent désormais emprunter sur le marché mondial sans aucune contrainte, et a réduit les coûts de financement puisque celui-ci se fait sans intermédiaire. La vitesse et les échanges se sont alors considérablement accrus: près de 2 000 milliards de $ s'échangent aujourd'hui quotidiennement, ce qui accroît les risques systémiques (ex: la banque BARINGS de Londres a été ainsi mise en faillite à cause des malversations d'un opérateur de Singapour. La crise asiatique a touché tous les pays émergents d'ASE et même le Japon du fait des problèmes d'endettement de l'Indonésie, et a même menacé l'ensemble des économies occidentales). + La libéralisation des capitaux a ainsi permis de créer un immense marché mondial des capitaux en continu (décalage horaire entraînant l’ouverture progressive des bourses du monde entier). Mais elle a aussi créé des risques pour la politique monétaire des différents pays. En effet, on constate que les politiques monétaires ne sont plus autonomes, toutes les places financières étant reliées entre elles, chaque pays doit se plier à la règle générale en matière de taux d’intérêt sous peine de voir ses capitaux flottants se diriger vers des pays plus attractifs.Les déboires du système des changes flottants expliquent les espoirs mis dans l’Euro par les pays européens pour retrouver à la fois un système de changes fixes et une stabilité économique en supprimant leur dépendance vis du dollar et de la politique monétaire américaine. 1- La construction européenne
2- Le passage à l’Euro + La volonté de mettre en place une politique commune européenne en matière monétaire commence en 1972 lors de l’abandon du système de changes fixes de B.W. (qui a été officialisé en 1973). A cette date est mis en place le serpent monétaire européen qui est un couloir dans lequel flottent les monnaies européennes autour d’un cours pivot avec des marges de fluctuations de + ou – 2,25%. La sortie de plusieurs monnaies (ex : livre sterling, lire italienne) provoque le remplacement du serpent par le SME en 1979. Une monnaie est alors créée : l’ECU (Européan Currency Unit) pour permettre les règlements entre pays européens sur une base stable.+ L’ECU est en effet un panier composé des différentes monnaies des pays membres, pondérées par le poids économique de ces derniers (ex : bcp de DM, un peu de peseta…), ce qui garantit sa relative stabilité (hausses compensées par les baisses d’autres monnaies). Il vaut entre 6 et 7 FF depuis 1979 (c’est son taux qui a fixé celui de l’Euro soit 6,55957 FF au 1° janvier 1999).+ Le traité de MAASTRICHT (1992) a fixé les étapes de la réalisation de l’UEM :
Le SME est donc aujourd'hui un système de changes fixes ayant une monnaie commune, l'Euro. Les monnaies nationales n'ont pas encore disparu, mais s'échangent entre elles selon une parité fixe depuis le 1° janvier 1999. 3- La politique européenne C’est une politique commune à la fois en matière monétaire et budgétaire rendue obligatoire du fait de la liberté de circulation des capitaux et de la globalisation financière (cf. ante). + En effet MUNDELL a montré qu’il existait un triangle d’incompatibilités (cf. ante) : pour l’Europe c’est la liberté de circulation qui est incompatible avec le SME qui est un système de changes fixes, interdisant par là même l’autonomie des politiques monétaires (la liberté de circulation des capitaux provoque une fluctuation des taux de changes et l’obligation pour les Etats de défendre leurs monnaies ex : en 1993 pour le FF). C’est pourquoi les pays de l’UE ont décidé à MAASTRICHT que leurs politiques monétaires et budgétaires devaient converger de façon à limiter le déplacement des capitaux. En effet il ne peut y avoir de politique monétaire unique si les économies des pays de l'UE ne sont pas convergentes car la politique monétaire est dépendante de l'activité économique (ex: en cas d'inflation on pratique une politique de taux d'intérêt élevés, au contraire en cas de faible croissance et s'il y a peu d'inflation on va chercher à les baisser pour relancer la demande).+ Les critères de convergence ont donc concerné la politique monétaire avec 3 critères monétaires: stabilité de la monnaie, limitation des taux d’inflation et des taux d’intérêt à long terme; et la politique budgétaire avec 2 critères budgétaires: limitation du déficit public (3% du PIB) et de la dette publique (60% du PIB). 11 pays sont ainsi entrés dans l’Euroland le 01/01/99 (F, I, A, Benelux, E, P, Ir, Aut, Fin, c’est-à-dire les 15 – la Gr qui ne satisfaisait pas aux critères de MAASTRICHT plus RU, Dk et S qui ont souhaité attendre). La Grêce a aujourd'hui rejoint l'Euroland, mais pas les 3 autres pays.+ Les espoirs mis dans l’UEM sont très nombreux et concernent à la fois
+ Cependant l’UEM a nécessité aussi d’importants sacrifices tels que les restrictions budgétaires pour limiter l’inflation, le déficit et la dette publique (on a par exemple dit que la F avait sacrifié sa croissance à sa politique du F. fort). Les incertitudes restent aussi nombreuses quant au consensus politique car les pays européens ont un passé fort d’Etat-nation qui les empêche de renoncer facilement à certaines spécificités économiques ou culturelles (ex de la monnaie ou de la gastronomie).Conclusion La mondialisation et la globalisation financière ont provoqué des mouvements désordonnés de capitaux qui ont déconnecté l’économie réelle et l’économie financière. L’économie est aujourd’hui soumise à la « dictature des taux de change », c’est pourquoi il est devenu nécessaire que des pays se concertent pour construire des bases stables telles que l’UEM européenne. Mais la mondialisation pose aussi le problème de l’intégration des PED dans les échanges internationaux qui a été réussie par certains tels les NPI dont les nouveaux pays émergents sont en train de suivre le modèle, mais pas encore par les PMA. Pourtant le développement de ces derniers permettrait de résoudre un grand nombre de problèmes aussi bien pour eux que pour les PDEM comme l’immigration ou le chômage, car ces pays pourraient alors élargir les débouchés mondiaux. |
Mme SODAIGUI, professeur de Sciences Economiques et Sociales