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Thème 3 :

La relation salaire-emploi chez les classiques et KEYNES

                                                                   

Plan

Introduction

 I -  L’approche néoclassique

 II -  L’approche Keynésienne

 III -  Tableau récapitulatif

 IV - Prolongements contemporains

 

 

 

Introduction

L’approche néoclassique et l’approche Keynésienne s’opposent fondamentalement : la première raisonne en termes d’équilibre micro-économique, tandis que la seconde raisonne en termes de circuit macro-économique.

I - L’approche (néo)classique

A. SMITH montre que ce n’est pas le libre accord mais l’intérêt qui mène à l’équilibre. Pour lui, le comportement spontané de chacun est guidé par l’intérêt individuel et la somme des intérêts individuels conduit à l’intérêt général. C’est donc la "main invisible " du marché qui permet d’atteindre l’équilibre.

D. RICARDO s’intéresse aux salaires : il distingue le salaire naturel, qui est le salaire de subsistance permettant de renouveler la force de travail, et le salaire courant déterminé par l’offre et la demande de travail. A l’équilibre, les deux se confondent. Mais RICARDO envisage cependant que le salaire courant puisse être inférieur au salaire naturel en période de fort chômage. En effet, à certaines époques les travailleurs ont été obligés d’accepter un salaire inférieur au minimum vital du fait de leur nombre. Mais, selon lui, c’est le prix à payer pour atteindre le plein emploi.

A.C. PIGOU et les néo-classiques vont montrer que c’est  le niveau des salaires qui détermine le niveau de l’emploi :

  1. en situation de chômage élevé où l’offre de travail est supérieure à la demande, la baisse des salaires entraîne une augmentation de la demande de travail et donc le retour au plein emploi (cf. schéma 1)

  2. en situation de pénurie de main d’œuvre où la demande est supérieure à l’offre de travail, la hausse des salaires permet d’augmenter l’offre et donc un retour au plein emploi (cf. schéma 2)

Schémas

1°cas                                                                   2°cas

Pour les néo-classiques le chômage est donc volontaire, car certains travailleurs n’acceptent pas les conditions du marché, et frictionnel, car cetaines rigidités empêchent le marché du travail de fonctionner librement. Ce n’est donc qu’en l’absence de toute intervention de l'Etat et des syndicats que l'on pourra atteindre l’équilibre entre l’offre et la demande de travail. Le modèle de concurrence pure et parfaite donne les conditions optimales de bon fonctionnement du marché.

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II- L’approche Keynésienne

J .M. KEYNES s’oppose aux néoclassiques sur plusieurs points

Pour lui il y a aussi deux sortes de salaires, les salaires nominaux effectivement payés aux travailleurs, et les salaires réels qui expriment leur pouvoir d’achat en représentant la différence entre l’évolution des salaires nominaux et celle des denrées.

Selon Keynes, la baisse des salaires nominaux peut effectivement mener au Plein emploi, c’est-à-dire à l’équilibre du marché, à condition que la Demande effective reste inchangée. C'est la Demande effective qui, selon lui, détermine le niveau de la production et de l'emploi. Elle se compose d'une double anticipation, d'abord au niveau de l'évolution de la consommation future, et ensuite au niveau des investissements à mettre en oeuvre pour y répondre (cf. schéma).

Pour Keynes il faut donc raisonner au plan macro-économique et observer toutes les conséquences d’une baisse des salaires. En effet celle-ci diminue le pouvoir d’achat des travailleurs qui auront tendance à réduire leur Demande de consommation, ce qui est à même d’influencer les anticipations des entrepreneurs, réduisant aussi leurs investissements. Selon Keynes,  la baisse des salaires ne permet donc pas le retour au plein emploi. 

Pour Keynes, le chômage est donc involontaire et résulte d’une insuffisance de la Demande effective, il est donc conjoncturel..

Pour résorber le chômage il faut alors augmenter les salaires (ou les prestations) afin d’augmenter la Demande de consommation , même si cela doit provoquer de l’inflation. Et une augmentation de la masse salariale par injection par l’Etat de liquidités dans le circuit économique a le même effet.

III - Tableau récapitulatif

 

critères

les Néoclassiques

Keynes

niveau de l’emploi

déterminé par le niveau des salaires

déterminé par la Demande effective

chômage

volontaire ou frictionnel

classique

Involontaire et conjoncturel

Keynésien

rôle des salaires

déterminent la rentabilité des entreprises

déterminent la production anticipée des entreprises

équilibre du marché

équilibre automatique

équilibre de sous-emploi

politique économique

baisser les salaires pour réduire le chômage

soutenir la consommation et l’investissement

rôle de l’Etat

non-intervention pour ne pas entraver le jeu du marché

intervention pour pallier les déficiences du marché

rigidités du marché du travail

dues à l’Etat et aux syndicats qui fixent le salaire minimum et les indemnités de chômage

les salaires nominaux sont fixés par des conventions collectives

IV - Prolongements contemporains

Mais selon J. MEADE, économiste des conventions, l’inflation n’est pas une solution pour retourner au Plein emploi, car elle a des effets pervers (cf. cours 1°ES). Au contraire les salaires doivent passer par une vraie politique des revenus, c’est-à-dire être fixés par contrat afin d’éviter tout dérapage. Il faut aussi qu’il y ait une grille d’avancement pour stimuler les travailleurs et que les salariés les plus faibles soient protégés pour soutenir leur consommation, car ce sont eux qui sont les plus affectés par la baisse des salaires.

Les nouvelles théories du salaire s'éloignent de l'idée d'un salaire fixé par le marché, pour montrer que les travailleurs et les entrepreneurs ont tout intérêt à se prémunir face à l'incertitude par un "contrat implicite" ou un "salaire d'efficience", qui sont des garanties contre le risque: avoir un travail assuré pour les uns, de bons travailleurs pour les autres. Le contrat implicite est donc basé sur la confiance: en cas de mauvaises affaires le salaire diminuera mais l'entrepreneur gardera ses salariés, dans le cas contraire les salaires vont augmenter. La théorie du salaire d'efficience montre selon YELLEN que l'effort  fourni par les travailleurs est fonction de leur salaire. Ainsi un salaire élevé est un moteur de productivité car chacun fait de son mieux pour ne pas perdre son emploi.

La théorie du Job Search de PHELLPS quant à elle, montre que la recherche d'un emploi suppose aussi un coût (frais de démarches, recherche d'informations, refus de l'emploi offert) qu'il convient d'intégrer au salaire exigé par les demandeurs d'emploi, et la période de prospection tend à allonger l'ancienneté au chômage.

 

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Mme SODAIGUI, professeur de Sciences Economiques et Sociales