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Introduction
L’approche néoclassique
et l’approche Keynésienne s’opposent fondamentalement : la première
raisonne en termes d’équilibre micro-économique, tandis que la seconde
raisonne en termes de circuit macro-économique.
I
- L’approche (néo)classique
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A. SMITH montre que ce
n’est pas le libre accord mais l’intérêt qui mène à l’équilibre.
Pour lui, le comportement spontané de chacun est guidé par l’intérêt
individuel et la somme des intérêts individuels conduit à l’intérêt
général. C’est donc la "main invisible " du marché qui
permet d’atteindre l’équilibre. |
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D. RICARDO s’intéresse
aux salaires : il distingue le salaire naturel, qui est le salaire de
subsistance permettant de renouveler la force de travail, et le salaire
courant déterminé par l’offre et la demande de travail. A l’équilibre,
les deux se confondent. Mais RICARDO envisage cependant que le salaire
courant puisse être inférieur au salaire naturel en période de fort chômage.
En effet, à certaines époques les travailleurs ont été obligés
d’accepter un salaire inférieur au minimum vital du fait de leur
nombre. Mais, selon lui, c’est le prix à payer pour atteindre le plein
emploi. |
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A.C. PIGOU et les néo-classiques
vont montrer que c’est le niveau des salaires qui détermine le
niveau de l’emploi : |
-
en situation de chômage
élevé où l’offre de travail est supérieure à la demande, la baisse
des salaires entraîne une augmentation de la demande de travail et donc
le retour au plein emploi (cf. schéma 1)
-
en situation de pénurie
de main d’œuvre où la demande est supérieure à l’offre de travail,
la hausse des salaires permet d’augmenter l’offre et donc un retour au
plein emploi (cf. schéma 2)
Schémas
 
1°cas
2°cas
Pour les néo-classiques
le chômage est donc volontaire, car certains travailleurs n’acceptent
pas les conditions du marché, et frictionnel, car cetaines rigidités
empêchent le marché du travail de fonctionner librement. Ce n’est
donc qu’en l’absence de toute intervention de l'Etat et des syndicats que
l'on pourra atteindre l’équilibre entre l’offre et la
demande de travail. Le modèle de concurrence pure et parfaite donne les
conditions optimales de bon fonctionnement du marché.
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II-
L’approche Keynésienne
J .M. KEYNES s’oppose
aux néoclassiques sur plusieurs points
Pour lui il y a aussi
deux sortes de salaires, les salaires nominaux effectivement payés aux
travailleurs, et les salaires réels qui expriment leur pouvoir d’achat
en représentant la différence entre l’évolution des salaires nominaux
et celle des denrées. Selon Keynes, la
baisse des salaires nominaux peut effectivement mener au Plein emploi,
c’est-à-dire à l’équilibre du marché, à condition que la Demande effective
reste inchangée. C'est la Demande effective qui, selon lui, détermine le
niveau de la production et de l'emploi. Elle se compose d'une double
anticipation, d'abord au niveau de l'évolution de la consommation
future, et ensuite au niveau des investissements à mettre en oeuvre
pour y répondre (cf. schéma).

Pour Keynes il faut
donc raisonner au plan macro-économique
et observer toutes les conséquences d’une baisse des salaires. En effet
celle-ci diminue le pouvoir d’achat des travailleurs qui auront
tendance à réduire leur
Demande de consommation, ce qui est à même d’influencer les
anticipations des entrepreneurs, réduisant aussi leurs investissements.
Selon Keynes, la baisse des salaires ne permet donc pas le retour au
plein emploi.
Pour Keynes, le chômage est donc
involontaire et résulte d’une insuffisance de la Demande effective, il
est donc conjoncturel..
Pour résorber le chômage il faut alors augmenter les salaires
(ou les prestations) afin d’augmenter la Demande de consommation , même si cela doit
provoquer de l’inflation. Et une augmentation de la masse salariale par
injection par l’Etat de liquidités dans le circuit économique a le même
effet.
III
- Tableau récapitulatif
critères |
les Néoclassiques |
Keynes |
niveau de l’emploi |
déterminé par le niveau des
salaires |
déterminé par la Demande
effective |
chômage |
volontaire ou frictionnel
classique |
Involontaire et conjoncturel
Keynésien |
rôle des salaires |
déterminent la rentabilité des
entreprises |
déterminent la production anticipée
des entreprises |
équilibre du marché |
équilibre automatique |
équilibre de sous-emploi |
politique économique |
baisser les salaires pour réduire
le chômage |
soutenir la consommation et l’investissement |
rôle de l’Etat |
non-intervention pour ne pas
entraver le jeu du marché |
intervention pour pallier les déficiences
du marché |
rigidités du marché du travail |
dues à l’Etat et aux syndicats
qui fixent le salaire minimum et les indemnités de chômage |
les salaires nominaux sont fixés
par des conventions collectives |
IV
- Prolongements contemporains
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Mais selon J. MEADE,
économiste des conventions, l’inflation n’est pas une solution
pour retourner au Plein emploi, car elle a des effets pervers (cf.
cours 1°ES). Au contraire les salaires doivent passer par une vraie
politique des revenus, c’est-à-dire être fixés par contrat afin d’éviter
tout dérapage. Il faut aussi qu’il y ait une grille d’avancement
pour stimuler les travailleurs et que les salariés les plus faibles
soient protégés pour soutenir leur consommation, car ce sont eux qui
sont les plus affectés par la baisse des salaires. |
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Les nouvelles
théories du salaire s'éloignent de l'idée d'un salaire fixé par le
marché, pour montrer que les travailleurs et les entrepreneurs ont
tout intérêt à se prémunir face à l'incertitude par un
"contrat implicite" ou un "salaire d'efficience",
qui sont des garanties contre le risque: avoir un travail assuré pour
les uns, de bons travailleurs pour les autres. Le contrat implicite
est donc basé sur la confiance: en cas de mauvaises affaires le
salaire diminuera mais l'entrepreneur gardera ses salariés, dans le
cas contraire les salaires vont augmenter. La théorie du salaire
d'efficience montre selon YELLEN que l'effort fourni par les
travailleurs est fonction de leur salaire. Ainsi un salaire élevé
est un moteur de productivité car chacun fait de son mieux pour ne
pas perdre son emploi. |
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La théorie du Job
Search de PHELLPS quant à elle, montre que la recherche d'un emploi
suppose aussi un coût (frais de démarches, recherche d'informations,
refus de l'emploi offert) qu'il convient d'intégrer au salaire exigé
par les demandeurs d'emploi, et la période de prospection tend à
allonger l'ancienneté au chômage. |
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