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Thème 10 :

 Le rôle des pouvoirs publics chez SMITH, KEYNES et FRIEDMAN

                                                      

Plan

Introduction

 I - L’analyse classique

 II - L’analyse de KEYNES

 III - L’analyse des néoclassiques

 

 

 

Introduction

Ici encore on trouve deux courants qui s’opposent :

* l’analyse libérale rejette l’intervention de l’Etat

* tandis que les Keynésiens la prônent

I- L’analyse classique

* Pour A. SMITH l’intervention de l’Etat doit être minimale et se réduire aux fonctions régaliennes de sécurité des biens et des personnes, d’ordre et de défense de la Nation. Toutefois A. SMITH reconnaît que certaines ne peuvent être assumées par les individus et il revenait donc à l’Etat de les prendre en charge comme la construction des infrastructures (routes, ponts, etc.), des édifices publics et leur entretien.

* Pour J. B. SAY, en aucun cas l’Etat ne doit intervenir dans l’activité économique. En effet " les produits s’échangent contre des produits " et une crise générale est impossible. Il explique ainsi que le marché dispose de mécanismes autorégulateurs qui permettent le retour automatique à l’équilibre. Selon lui, " l’Offre crée sa propre demande " car la production distribue des revenus qui vont permettre d’acheter les produits. L’argent " ne chôme pas entre les mains des individus ", il est donc recyclé dans l’achat de marchandises. C’est ainsi que " la production crée ses propres débouchés " (loi des débouchés).

* De plus, pour les classiques toute l’épargne sert à l’investissement.

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II- L’analyse de KEYNES

Selon Keynes il y a deux sortes d’épargne : la bonne qui sert à l’investissement, et la mauvaise qui est thésaurisée et sort alors du circuit économique. En effet selon lui, il existe une préférence pour la liquidité qui pousse les agents économiques à thésauriser, pour des motifs de précaution, de transaction ou de spéculation. Dans ce cas, l’épargne n’est pas réinvestie, c’est ce qu’il appelle " une fuite hors du circuit ". Or en période de crise cette " mauvaise épargne " tend à augmenter, la propension à consommer diminue alors tandis que la propension à épargner augmente, ce qui explique l’augmentation du chômage. Mais, contrairement à ce que pensent les classiques, la crise ne se résorbe pas d’elle-même, et elle peut même s’aggraver par enchaînements successifs si le gouvernement n’intervient pas pour casser la spirale à la baisse.

Pour Keynes l’intervention de l’Etat est donc une nécessité pour réguler l’activité économique. Sa politique doit s’appuyer sur la politique budgétaire et la politique des revenus. Il faut, selon lui, que les revenus augmentent pour stimuler la consommation et rendre leur optimisme aux entrepreneurs qui anticipent, pour les pousser à investir et à embaucher. L’Etat peut aussi donner l’exemple en investissant dans les infrastructures, une politique de grands travaux crée ainsi des emplois, ce qui augmente le niveau de la consommation. Pour Keynes, une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt a  peu de chances d’aboutir, si elle se traduit par une augmentation de la préférence pour la liquidité, si la rentabilité des investissements diminue plus que les taux d’intérêt ou encore si la propension à consommer diminue elle aussi. Pour lui, l’efficacité de la politique monétaire est douteuse, c’est pourquoi elle est secondaire et ne doit pas être privilégiée pour résorber la crise.

Enfin, selon KEYNES l’intervention de l’Etat est indispensable en cas de crise car c’est à l’Etat de redonner confiance aux agents économiques en montrant l’exemple. Il doit ainsi investir, même si ses ressources sont insuffisantes, en recourrant au déficit public, car l’investissement a un effet multiplicateur sur les revenus, ce qui lui permet, ex-post, de résorber son déficit. De plus le soutien de la consommation permet de limiter les effets de la crise en sapant la spirale à la baisse qui s’enclenche forcément. En cas de crise il faut donc, selon KEYNES augmenter la propension à consommer : " est bon citoyen celui qui consomme ".

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III - L’analyse des néoclassiques

* Les néoclassiques contemporains admettent que dans certains cas le marché trouve ses limites et l’Etat doit réglementer ou lui être substitué. Ainsi la production de biens collectifs ne peut être prise en charge que par l’Etat (exemple de l’éducation ou se l’éclairage public). De même que les externalités doivent être corrigées par une réglementation appropriée : ainsi, du fait de l’activité d’un agent économique d’autres agents peuvent subir des effets négatifs (exemple de la pollution). Dans ce cas, il appartient à l’Etat de faire en sorte que le trouble soit corrigé, par une réglementation appropriée. Il en est de même lorsque cette activité occasionne des frais pour la collectivité toute entière (exemple de la vitesse sur les routes dont les conséquences sont supportée par la société : victimes, frais, etc.).

* Pour les ultra-libéraux (HAYEK, FRIEDMAN) toutefois, l’intervention de l’Etat est facteur de crise. Ainsi M. FRIEDMAN dénonce le rôle de l’Etat sur le marché du travail (indemnisation du chômage), qui est, selon lui, responsable du désajustement du marché et de l’apparition du chômage volontaire. Pour lui, la politique de relance n’est pas efficace sur la réduction du chômage, car les ménages ne sont pas longtemps victime de " l’illusion monétaire " provoquée par une hausse de leurs revenus nominaux. Au bout d’un certain temps, ils constatent que leur pouvoir d’achat n’a pas augmenté du fait de l’inflation qui a résulté de la relance et le chômage revient à son niveau naturel. Le gouvernement peut donc essayer sans cesse de réduire le chômage en injectant de la monnaie dans l'économie, il n'aboutira qu'à augmenter sans cesse l'inflation sans réduire le chômage. Enfin, le déficit budgétaire qui a servi à financer la relance provoque à son tour un effet d’éviction, c’est-à-dire que l’Etat est contraint d’emprunter massivement ce qui entraîne une hausse des taux d’intérêt nocive pour les entreprises en les empêchant d’investir.

* Pour FRIEDMAN l’Etat ne doit donc pas intervenir dans l’économie car son intervention est facteur de déséquilibres : la crise, l’inflation et le chômage sont le résultat de l’intervention de l’État. Il s’appuie sur la théorie quantitative de la monnaie et l’équation d’I. FISHER (MV=PY) pour montrer que l’inflation est toujours d’origine monétaire et résulte d’une trop grande quantité de monnaie en circulation. Selon lui, il faut donc privilégier la politique monétaire pour lutter contre l’inflation par la pratique de taux d’intérêt élevés menée par les gouverneurs des banques centrales qui doivent être indépendantes afin d’éviter l’ingérence de l’État.

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IV- Prolongements contemporains

 * Les politiques de rigueur instaurées dans les PDEM au début des années 80 ont suivi l'inspiration libérale de M. FRIEDMAN, car on a constaté que les faits confirmaient sa théorie du chômage naturel (ex: aux USA de 1965 à 1980 le chômage est resté proche de 5% tandis que l'inflation augmentait sans cesse sous l'effet des politiques de relance).

* Mais la récession de 1993 en France et le retour de la croissance à la fin de l'année 2000 ont remis les idées de KEYNES au goût du jour en vantant à nouveau les bienfaits de la consommation, et les gouvernements essaient de la stimuler pour réduire le chômage (ex: la prime BALLADUR et plus tard JUPPÉ pour l'achat d'une automobile).

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Mme SODAIGUI, professeur de Sciences Economiques et Sociales