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Thème 6

La nature et les formes du lien social chez DURKHEIM

  

Plan

Introduction

 I - Les fondements du lien social

 II - La rupture du lien social et l'actualité de DURKHEIM

 

 

 

 

Introduction

DURKHEIM utilise la méthode de l’objectivisme holiste, en cherchant à objectiver les faits sociaux et en expliquant un fait social à l’aide d’un autre fait social. Selon lui, « il faut considérer les faits sociaux comme des choses », et « la cause déterminante d’un fait social doit être recherchée parmi les faits sociaux antérieurs ». C’est ainsi qu’il a notamment montré comment évoluaient les sociétés.

I - Les fondements du lien social

DURKHEIM cherche à établir une loi d’évolution des sociétés : sous l’effet de la division du travail social, l’organisation sociale passerait d’une solidarité mécanique à une solidarité organique. Ainsi, les anciennes communautés étaient composées de membres très soudés et peu autonomes, où le contrôle social était fort. C’étaient des sociétés simples, fondées sur un principe de similitude, c’est-à-dire qu’elles étaient segmentées en autant d’individus similaires. La solidarité était forte et mécanique entre membres de la même famille ou de groupes restreints, car la conscience individuelle était diluée dans la conscience collective. A l’opposé, les sociétés modernes sont fondées, selon DURKHEIM, sur le principe de différenciation du fait de la division du travail, les individus sont différenciés et plus autonomes, mais également complémentaires. La solidarité devient alors organique, c’est-à-dire qu’elle s’effectue entre individus autonomes choisissant de coopérer. Selon DURKHEIM la division du travail produit donc de la solidarité entre individus qui sans cela seraient indépendants (transparent2).

La solidarité issue de la division du travail est donc facteur d’intégration sociale car elle fait tenir ensemble des individus qui, sans cela seraient indépendants. En ce sens DURKHEIM s’oppose à l’analyse libérale qui ne voit que des individus guidés par leur égoïsme et par leur intérêt. Pour lui il faut une morale forte, des systèmes de valeur cohérents et des institutions capables de socialiser les individus. Il insiste ainsi sur le rôle de l’école et donne une place importante au travail, qui, selon lui sont capables de dispenser une morale laïque et de remplacer les instances traditionnelles (famille, religion) inadaptées dans les sociétés modernes. Pour DURKHEIM l’intégration sociale passe donc par des groupes intermédiaires.

Selon DURKHEIM, l’évolution de la société impose aussi de nouvelles règles qui sont inscrites dans la production de normes. Les normes sociales sont en effet importantes dans les communautés traditionnelles, car la contrainte sociale y est forte. La régulation sociale se fait alors sans qu’il soit besoin de produire beaucoup de normes juridiques. Au contraire, dans les sociétés modernes où les normes sociales sont plus diffuses, la contrainte sociale devient moins forte et il est nécessaire de produire des normes juridiques assorties de sanctions négatives en cas de transgression. Donc pour DURKHEIM le droit évolue lui aussi, car dans les communautés où la conscience collective est forte, la croyance collective l’est également et tout manquement est violemment sanctionné par la communauté. Le droit est donc répressif sous l’effet de réactions passionnelles et guidé par un désir de vengeance (ex : le rejet hors de la communauté d’une fille qui a fauté, la peine de mort ou les sanctions physiques pour les blasphémateurs…). Tandis que dans les sociétés «supérieures », c’est-à-dire plus évoluées, selon DURKHEIM, le droit devient restitutif, guidé par des réactions plus raisonnées, cherchant à remettre en état ce qui a pu être dérangé. (transparent 3).

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II - La rupture du lien social et l'actualité de DURKHEIM

Selon DURKHEIM le maintien du lien social passe donc par des règles et des institutions. Leur défaut provoque alors un phénomène d’anomie. L’anomie est donc une absence de règles et traduit une insuffisance de régulation sociale. Durkheim distingue plusieurs sortes d’anomie :

 Lorsque les passions individuelles ne sont plus contenues par les règles sociales fortes ou une morale cohérente du groupe. L’étude du suicide permet à DURKHEIM de mettre en évidence les groupes plus fragiles : les hommes plus que les femmes, les célibataires ou les veufs plus que les mariés, les individus sans enfants plus que ceux qui en ont etc.

 Lorsque la société ne fournit pas un cadre stable, organisé et cohérent pour fixer à chacun sa place, son rôle et des normes précises attachées à son statut. L’anomie est alors un dysfonctionnement de la société elle-même où la solidarité est déficiente (ex : les crises sociales et/ou économiques qui désorganisent le groupe).

La crise des instances intégratrices traditionnelles (famille, religion) peut ainsi créer de l’anomie responsable de l’exclusion sociale. C'est pourquoi DURKHEIM attribue un rôle important à l'école et à l'Etat pour dispenser une morale laïque capable de donner de nouvelles règles de conduite dans les sociétés modernes. 

Les problèmes rencontrés par les sociétés industrielles aujourd'hui ont donné une actualité aux travaux de DURKHEIM. Ainsi les individus privés de travail souffrent de leur exclusion car ils ont le sentiment de n'être pas utiles à la société.

D. SCHNAPPER, spécialiste de l'immigration et F. de SINGLY, spécialiste de la famille adhèrent à ses idées en expliquant que l'un et l'autre peuvent conduire à l'anomie: le premier du fait de la contradiction entre normes culturelles différentes(en particulier les normes et les valeurs religieuses qui s'opposent ou qui disparaissent dans les sociétés modernes), et la seconde du fait de l'autonomisation des différents éléments familiaux (diminution du contrôle parental, égalité H/F, facilité du divorce, etc.).

Mais N. SMELSER conteste la disparition de la solidarité mécanique dans les sociétés modernes. Selon lui, au contraire des familles apparaissent qui sont liées par des liens ethniques ou régionaux (communauté), des objectifs sociaux (mouvements sociaux) et des valeurs idéologiques (luttes collectives) ou religieuses (sectes). Et pour lui, c'est la similitude des idées, des valeurs et des buts à atteindre qui lie les individus par une nouvelle solidarité mécanique dont DURKHEIM ne pouvait pas deviner la réapparition.

 

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Mme SODAIGUI, professeur de Sciences Economiques et Sociales